27/05/2014 : La forêt provençale

Le Code forestier et les communaux boisés en Provence

Tout le monde s'accorde à reconnaître que si la forêt française en général est en mauvais état au début du XIXe siècle, la forêt provençale en particulier est dans une situation déplorable.
La conjugaison d'une exploitation intensive et d'abus de jouissance l'ont réduite en garrigue ou en maquis, formations arbustives de petite taille et de plantes herbacées.
L'inconscience de tous a détruit la forêt, mais pouvait-il en être autrement en ces temps de misère lorsqu'elle seule pouvait fournir à la fois le bois de chauffage et de charpente, l'engrais nécessaire aux cultures, lorsqu'elle seule pouvait nourrir le bétail par le pâturage, le ramassage des glands, les récoltes d'herbes et de feuilles, surtout avec des moutons et des chèvres qui disposaient d'une faible surface de prairies naturelles.
En dotant la France d'un Code forestier, en 1827, le législateur voulait reconstituer un milieu forestier et un climax favorable. Pour cela, il fallait que les nouvelles mesures fussent suffisamment efficaces, soigneusement appliquées pour vaincre l'hostilité des habitants, rigoureusement sanctionnées pour produire quelque effet.
La sauvegarde des forêts allait se jouer sur plusieurs registres : satisfaction des besoins de la consommation en réparant les bois dégradés, création de nouvelles ressources et sévères punitions à l'égard des délinquants. 

Si aujourd’hui il est encore difficile d’affirmer que l’objectif du Code forestier a été partout pleinement atteint, il faut cependant admettre que l’amélioration fut considérable, notamment dans le département de Vaucluse dont les archives livrent les chiffres qui permettent d’appréhender ce que fut l’évolution du patrimoine forestier depuis 1669. De cette date jusqu’à 1830, la majorité des communes forestières (46 sur 78) a vu disparaître ses forêts dans des proportions considérables : moins 32,77 %. Lorsqu’on sait comment fut protégée la forêt par l’Ordonnance de 1669, on mesure mieux l’œuvre destructrice de la fin du XVIIIe siècle. Cette évolution, qui n’a pas échappé au législateur, a été enrayée par la mise en œuvre du Code et il est évident que la soumission au régime forestier a sauvé la forêt puisque de 1830 à 1879 la surface boisée a augmenté de 117,30 % ; chiffre d’autant plus considérable qu’il faut tenir compte de l’augmentation de la population et des besoins croissants de l’industrie. 



Jacqueline Dumoulin
Docteur d'Etat en droit
Licenciée es Lettres

Chercheur au CNRS (retraite)

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